Qui ? : Nikos Aliagas
Où ? : Studio extérieur
Quand ? : 13 juillet 2008
Pourquoi ? : Couv. magazine TV
Comment ? : Bénévolement
Je me souviens de notre première rencontre, celle où nous avons noué pour longtemps des relations franches, directes et sincères. Nikos arrive, jonglant avec trois téléphones portables qui ne cessent de biper, de sonner, de couiner. Courtois, il salue toute l’équipe et me dit – je m’y attendais un peu – « je n’ai que vingt minutes ». Je lui réponds du tac au tac « En vingt minutes on a les photos qu’on mérite ». C’est cash mais cela a au moins le mérite de la clarté. Il me regarde, interloqué, puis il met de côté ses outils de communication et nous commençons.
Il était 14 heures, nous nous quitterons vers 23 heures. Pendant et après la séance photo, nous nous sommes donnés le temps de discuter famille, vie, boulot et photographie, une de ses grandes passions. Nous avons refait le monde avec une complicité d’instinct, comme deux vieux camarades. Cet esprit de camaraderie est désormais toujours présent lorsque nous nous rencontrons. Nous pouvons presque reprendre nos conversations là où nous les avons interrompues quelques mois plus tôt.
Pour ce portrait de commande nous travaillons tous les deux bénévolement à la réalisation de la couverture d’un magazine. Les bénéfices de sa vente iront intégralement au profit d’une association contre le cancer. Pas de chichis, pas de craintes ni de sous-entendus. Il a un vrai regard direct caméra. Nikos est, pour moi, le contraire d’un homme vidéo-numérique, l’anti star-système qui l’a si souvent brocardé. Pour faire une image sincère de lui, il faut qu’il se sente en confiance, protégé. C’est souvent le cas avec les personnes publiques, devenues emblématiques même. J’aime à croire qu’il m’a accepté dans sa famille de cœur, que nos mondes sont désormais familiers. Nikos est sincèrement populaire. Dans le bon sens du terme : celui-là même de l’artiste en tournée qui se donne chaque soir à un nouveau public, celui du Monsieur Loyal des temps modernes. C’est un Maître de piste, capable de dompter 16 caméras sur le plateau de The Voice, un chansonnier raillant avec talent l’actualité du moment, mais également l’homme de cœur qui vient simplement, sans tralalas, sans se faire prier, apporter un peu de joie au goûter de Noël d’enfants hospitalisés à Garches. Il a ce sens de la parole donnée, du dévouement à son public, qui fait la noblesse des vraies vedettes des métiers du spectacle. Il est le gars de tous les superlatifs, habitué à ce déluge d’images et de propos légers et bienveillants dont il a fait son univers, mais toujours fils de tailleur grec, dur à l’ouvrage, bosseur. Quand il tombe le masque, quand on le démaquille, quand les projos du show s’éteignent, quand Nikos est « au naturel », ses yeux continuent de briller de l’envie d’apporter du bonheur aux gens et d’en être aimé en retour.
Extrait du livre « Traits pour traits » en préparation avec Nicolas Gouzy