Qui ? : Alyssa Miller
Où ? : Près du Sacré-Cœur
Quand ? : En juillet 2009
Pourquoi ? : Campagne publicitaire JACOB
Comment ? : Au petit matin d’un Paris tranquille livré aux balayeurs
Photographier un top-model ou raconter une histoire ? Le mieux c’est les deux.
Scène 1 et unique : extérieur jour, petit matin, à proximité du Sacré-Cœur, petit square typiquement parisien aux allées pavées brillantes de rosée, personne à l’horizon… [On veillera à la présence de deux ou trois pigeons et de quelques nuages]. Une balayeuse de voirie de la ville de Paris, ses deux agents en combinaison de travail verte. Les brosses s’activent dans le caniveau. Non loin de là, une jeune fille seule assise sur un banc, capuche rabattue sur les cheveux, manteau noir court, chic et girly, confortable. Pour éviter de l’arroser, le conducteur stoppe sa machine avant d’arriver à la hauteur du banc. Dérangée dans ses pensées ( ?) la jeune fille se lève et se dirige vers moi. Soudain le temps s’arrête. Un ange passe, léger, subtil. Les pigeons hésitent à prendre leur envol. Les deux balayeurs sont bouche-bée d’admiration, figés par la beauté de la jeune fille, par sa grâce innée.
Dans cet instant suspendu je photographie Alyssa Miller. Nous sommes là pour une séance de shooting pour la marque Jacob. Mettre en valeur des vêtements, c’est boulot-boulot ; si je ne saisis pas ce moment de grâce offert par Alyssa, tout à l’heure nous serons pris par le job et l’ange sera passé. On ne double pas ce genre de moments, c’est capté ou loupé.
La balayeuse reprend son chemin comme un gros insecte bourdonnant puis s’arrête à ma hauteur : « Elle est belle M’sieur, qu’est-ce qu’elle est belle ! » Les pigeons s’envolent.
Extrait du livre « Trait pour traits » en préparation avec Nicolas Gouzy