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Des portraits qui saisissent le fou rire par David Ken

Devant les flashs qui crépitent, Karim rit à gorge déployée. Un fou rire contagieux qui gagne la dizaine de personnes rassemblées hier dans la salle de spectacles de l’hôpital Raymond-Poincaré, à Garches.

Devant les flashs qui crépitent, Karim rit à gorge déployée. Un fou rire contagieux qui gagne la dizaine de personnes rassemblées hier dans la salle de spectacles de l’hôpital Raymond-Poincaré, à Garches. « Tu vois ! On m’avait pourtant dit que je n’arriverai pas à te faire marrer », lui lâche David Ken*, pas peu fier de son effet hilarant, tout en tapotant son boîtier numérique.

Le photographe belge, installé à Paris depuis vingt ans, a fait appel à une vingtaine de patients suivis en cancérologie, ainsi qu’aux employés qui prennent soin d’eux, pour participer à son œuvre intitulée « LOL » (NDLR : Laughing out loud, rire aux éclats en français).

David Ken entend saisir la bonne humeur de 1 000 personnes avec l’espoir de les exposer à Paris. Pour l’instant, la galerie s’affiche sur Facebook. « Au départ, j’ai eu l’idée de faire des portraits de gens morts de rire, se rappelle l’artiste. Je m’imaginais roulant de l’aéroport de Roissy vers Paris en voyant sur la route des panneaux avec leurs visages et l’inscription I LOL Paris. »

Un concept vite évident pour ce Bruxellois qui veut en faire un remède contre la morosité ambiante. « Les Français ont trop tendance à voir le verre à moitié vide, sourit ce Bruxellois. J’ai envie qu’ils le voient plutôt à moitié plein. » Cependant, jouer les mannequins ne se révèle pas forcément évident, surtout quand on lutte tous les jours contre le cancer. Passées les premiers doutes, quand le sujet fait face à l’objectif dans une petite tente drapée de blanc, l’humour de David fait vite sauter les derniers verrous jusqu’à avoir obtenu ce qu’il recherche : le rire en cascade de celui qui s’abandonne. C’est un moment qu’on ne peut pas oublier, assure Christelle. Je déteste qu’on me photographie. Pourtant les clichés de David sont les seuls que je montre chez moi. » «Moi aussi j’aime beaucoup ses images, ajoute Julie, qui a déjà posé une fois pour David. J’ai d’ailleurs fait 60 km pour participer à cette séance. Cela nous permet aussi de croiser les autres habitués du service oncologie. On rigole, on essaie de se donner la pêche les uns aux autres. » Même les médecins se prêtent au jeu sous le regard des patients. « Cela leur fait du bien de se retrouver entre eux, de rigoler, plutôt que de rester enfermés dans leur chambre », souligne le professeur Nicole Delépine. « Avec LOL, on se place dans la durée et c’est bien, explique David Ken, le cheveu ébourriffé par le puissant ventilateur utilisé pour le shooting. Ils attendent tous de voir les photos sur Facebook, que revienne leur porter les tirages papiers. »

Une impatience jamais déçue. « David choisit toujours la bonne photo le résultat est génial », assure Julie.

JÉRÔME BERNATAS | LE PARISIEN  04.03.2010, 07h00

Attachée de Presse: Anne Quemin pour Double Une (aquemin@double-une.com)

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