Qui ? : Nagui
Où ? : L’Appart Lafayette.
Quand ? : Juillet 2013
Pourquoi? : Calendrier pour la Ligue contre le cancer
Comment? : Set Point et Match, le Kif.
Comment le dire ? Nagui est un autre de ces gentils monstres cathodiques que j’ai adoré rencontrer, un évadé (ou échappé ?) du show-bizz réducteur de têtes, un de ces rares animateurs très populaires qui peuvent sortir de la télévision sans perdre ni leur talent, ni leur aura. Mais il possède un tel contrôle de son image que lui faire lâcher prise ne va pas être du gâteau. Justement, en guise de pâtisserie, puisque la gourmandise est l’axe retenu pour cette campagne, il hérite (ou écope ?) de la galette des rois. On peut avoir l’air parfaitement ridicule avec une couronne en carton doré sur la tête, une tête de guignol, de fêtard allumé. Nagui outrepasse cette crainte, il en rajoute, il la joue cartoon. Comme sur un plateau TV, il en donne un peu plus que demandé. En fin de compte il aime être bousculé, surpris, il aime qu’on lui laisse le champ libre mais il accepte sans problème d’être amené ailleurs. Pour son métier il a gentiment mis en boîte des centaines de personnes, candidats, vedettes ou public de ses émissions, sans jamais les gêner jusqu’à les heurter. Le parallèle avec mon métier est étonnant. Certains amuseurs n’aiment pas qu’on les brocarde, ils ont le trait d’esprit assassin, le rire supérieur, la rigolade un rien suffisante de celui qui connaît les ficelles du métier, de celui à qui on ne la fait pas. Si vous tentez de les prendre à leur propre jeu, ils dégainent le sarcasme, la vacherie qui blesse. La noblesse du clown pour eux et pour vous la tristesse du pitre. Nagui, lui, attend qu’on lui renvoie la blague. Il sert, vite, fort, en professionnel, à vous de jouer à son niveau. Il adore les rebonds, les effets, il répond du tac au tac. C’est une tête d’affiche qui n’a pas de dédain pour les amateurs, c’est rare, mais il est en même temps très conscient de son rang au classement. N’est pas Nagui qui veut. Alors je tente de prendre la main, ou plutôt nous nous prenons au mot, l’un l’autre. Chiche !
Extrait du livre « Trait pour traits » en préparation avec Nicolas Gouzy
