Actualité

Olivier Marchal, flic et voyou

L’impasse derrière le studio, avec ses pavés mouillés, luisants, et les portes métalliques abaissées des garages alignés, me semblait idéale pour un portrait de genre, un portrait du genre « flic et voyou ». Il y avait là du jus urbain, du décor réaliste, de l’obscur et des murs lépreux.

OlivierMarshal-par-David-Ken

Qui ? : Olivier Marchal

Où ? : Studio Plateform, Paris
Quand ? : 2010
Pourquoi ? : Télé 2 semaines

Comment ? : Extérieur nuit

L’impasse derrière le studio, avec ses pavés mouillés, luisants, et les portes métalliques abaissées des garages alignés, me semblait idéale pour un portrait de genre, un portrait du genre « flic et voyou ». Il y avait là du jus urbain, du décor réaliste, de l’obscur et des murs lépreux. Même sans rien connaître de sa carrière de flic, au premier regard que m’a lancé Olivier Marchal, pénétrant, dur, incisif, j’ai senti que j’avais devant moi un sondeur d’âme, un homme habitué à  jauger ses semblables, à parer au plus pressé pour se consacrer à l’essentiel ; plus simplement : quelqu’un « à qui on ne la faisait pas ». Il n’a pas besoin de coller au personnage d’ancien du 36 Quai des Orfèvres passé du côté des médias. Il se fout du stéréotype qu’il trimballe : celui d’un transfuge, d’un loup héroïque devenu mercenaire. Il en a vu des vertes et des pas mûres, de vraies saloperies qu’il édulcore sans doute pour les rendre présentables dans ses scénarios. Marchal ne joue pas un rôle. Il est l’acteur, le réalisateur et le scénariste de sa propre vie et, sur le coup, je suis son photographe de plateau. Je sais faire « propre sur soi », me glisser dans l’attendu, dans le confort, quasiment dans la conformité. C’est pourtant en me faisant la belle que j’ai souvent réussi mes meilleures photographies. Respecter une commande c’est la base du métier. Bien faire le job demandé pour mieux m’en écarter, gagner les moyens d’une certaine marginalité : là, ça commence à m’exciter. Savoir prendre mes distances avec les codes, les modes, les lois du genre, pour moi c’est prendre mes marques, trouver ma place. Je marche à l’imaginaire et au feeling, ce sont mes drogues à moi. Comme je vais shooter un ancien des stups, attention danger ! Tout bien considéré, je préfère les gens qui ont la gueule plutôt que la tête de l’emploi. Mais là, gaffe ! C’est dur, c’est plein, c’est carré. Je rencontre quelqu’un qui ne transige pas, qui ne négocie pas, qui ne joue pas avec son image. Il attend de moi que je sois efficace, rapide, technique, que je saisisse une évidence, celle de sa vision désabusée, cruelle et réaliste de la nature humaine. Il y a des gens dont l’histoire est gravée dans leurs rides, dans leurs gestes, dans leur regard, des gens qui ne se cachent pas d’avoir vécu. Marchal est un de ceux-là, un de ceux qui sont au clair avec eux-mêmes, quittes avec leur passé pourtant peuplé de fantômes.

Extrait du livre « Trait pour traits » en préparation avec Nicolas Gouzy

 

Laissez-nous vos coordonnées, on vous rappelle !

This site is protected by reCAPTCHA and the Google Privacy Policy and Terms of Service apply.